Vin bio et biodynamique, quelles différences ? 

Vin bio et biodynamique, quelles différences ? 

Il existe bon nombre de labels, de méthodes d’entretien et de culture du vignoble, presque autant qu’il existe de vignerons. Les mouvements biologiques et biodynamiques sont mis en lumières depuis les années 2010, cependant ils existent depuis les années 1920 et la différence entre ces deux méthodes est parfois complexe à comprendre. OenoSpheres vous explique tout ! 

Les prémices de l’agriculture et de la viticulture biologique et biodynamique apparaissent dans les années 1920, plus précisément en 1927 en Allemagne (premier pays à créer un label dans ce sens).

En France, il existe plusieurs niveaux de certification, le premier et le plus répandu étant le label « HVE » (Haute Valeur Environnementale), il permet aux vignerons de pratiquer une viticulture plus durable tout en se donnant la possibilité de traiter chimiquement (de façon très règlementée) la vigne. 

Les vins biologiques : 

Le contexte : 

Nous retrouvons les premiers écrits concernant cette conduite de la vigne en Angleterre en 1940, on appelait cette agriculture « agriculture organique » issu du terme anglo-saxon « organic » signifiant biologique. Cette méthode arrivera en France au cours de la même période, le label « AB : agriculture biologique » se développera dans les années 1960 avec notamment l’arrivée sur le marché de distributeurs alimentaires spécialisés, mais aussi de grandes marques telles que « Nature et Progrès », il sera cependant officiellement reconnu par l’État français en 1981. C’est dans les années 1970 et 1980 que ce mouvement se détache des idées philosophiques émises en 1927.  L’Europe attendra 1991 avant de reconnaître les différents labels biologiques. Ces derniers sont en majorité utilisés pour l’agriculture et l’élevage dans leurs généralités. 

Les vins biologiques seront quant à eux reconnus officiellement tardivement par le règlement européen, le 1er août 2012.

En Champagne, cela représente 624 domaines, 2672 ha certifiés et 1500 ha en conversion. 

Produire du vin biologique : 

L’agriculture biologique suit un cahier des charges défini par divers organismes certificateurs et institutionnels. Ils varient selon les labels visés, mais respectent un fil conducteur commun. Ils interdisent et réglementent l’utilisation de pesticides et herbicides, mais aussi de produits chimiques de synthèse. L’idée étant de protéger l’environnement de la vigne et sa biodiversité. Il est autorisé d’utiliser des produits naturels ou de synthèse tels que le cuivre ou le souffre, mais aussi des engrais, les vignerons peuvent également utiliser des méthodes « techniques » visant à protéger la vigne tels que l’enherbement par exemple.  Le produit le plus utilisé pour traiter certaines maladies est la bouillie bordelaise, composée de cuivre. Ces produits sont cependant limités à une dose maximale annuelle par hectare (variant selon les labels). Afin que des vignes soient certifiées « agriculture biologique » il faut avoir respecté ces fameux cahiers des charges pendant une durée d’au moins 3 ans. Seule la conduite du vignoble est concernée par ces règlementations, la vinification reçoit uniquement un taux maximal de sulfites contenus dans le vin, les intrants (diverses substances ajoutées aux vins afin de faciliter sa conservation, mais aussi son acceptabilité auprès des consommateurs) sont légèrement réglementés.  

Législation et certification : 

Comme évoqué précédemment, il faut 3 ans d’application du cahier des charges pour être certifié en agriculture biologique. Il existe plusieurs labels tels que « AB », le label européen (cahier des charges similaire au label AB), mais aussi « Nature et Progrès » et « bio cohérence ».

Les labels français et européens sont contrôlés annuellement par un organisme certificateur encadré par l’INAO (Institut national de l’origine et de la qualité). Ils représentent la plus grosse part des certifications en France, environ 5300 vignerons en 2017. 

Les labels « Nature et Progrès » ainsi que « Biocohérence » sont des labels privés créés avant le label européen et sont plus stricts quant à leurs cahiers des charges. Ils ne visent pas seulement la conduite du vignoble, mais aussi la façon de distribuer le vin sur les marchés commerciaux. Ces labels représentent une minorité des vignerons français avec moins de 100 adhérents et sont contrôlés par leurs services. 

Depuis le 1er août 2012, les vignerons peuvent apposer la mention « vin biologique » sur leurs étiquettes. Auparavant, la mention légale était « vin issu de raisins biologiques ». Ce changement majeur permettra une meilleure reconnaissance de la culture biologique dans le monde viticole. 

Concernant le souffre, il est limité à 60mg/l pour le label nature et progrès et à 100mg/l pour le label AB. 

Les vins biodynamiques : 

Rudolf Steiner

Le contexte : 

Le mouvement biodynamique est apparu dans les années 1920 grâce à Rudolf Steiner, fondateur de l’anthroposophie, il donnera ses premiers « cours aux agriculteurs » en 1924 dans toute l’Europe. Ces « cours aux agriculteurs » définissent une ligne de conduite, un premier chemin vers la biodynamie. Steiner a basé ses recherches sur les interactions entre éléments en y intégrant la science et les besoins naturels et fondamentaux du végétal. Sa conviction première est que la plante pousse et donne des fruits et soit en cohérence avec le sol, la lune, la biodiversité qui l’entoure, le cosmos en général. La plante serait en coévolution et en équilibre avec son environnement, ce point clef de coévolution est l’idée principale de la culture biodynamique. Maria Thun à quant à elle apporté les notions de rythme sidéral influencé par les constellations du zodiaque, la lune, le soleil et les différentes planètes de notre système. Ce rythme est fixé grâce aux rotations de tous ces astres autour des constellations du zodiaque, elle a mis en évidence des jours représentant un calendrier de traitements pour les racines, les fleurs, les fruits ou encore les feuilles. L’utilisation de préparations biodynamiques serait alors favorisée pour les grappes lors des jours fruits, pour le mildiou en jour feuilles par exemple. 

La biodynamie est arrivée en France un an après le premier cours aux agriculteurs, soit en 1925, en plein cœur du vignoble alsacien. Elle se développera petit à petit dans tout le vignoble français. 

La première coopérative Demeter, aujourd’hui plus connue pour sa certification biodynamique, voit le jour en Allemagne en 1928, son monologue français attendra 1979 pour apparaître. Les vignerons et viticulteurs biodynamistes se sont regroupés au sein du Mouvement de l’agriculture Biodynamique aux côtés de tous les agriculteurs suivant ce modèle dans leurs exploitations. 

La biodynamie représente aujourd’hui 1% du vignoble français et environ 500 vignerons et maisons, en champagne, 40 maisons sont concernées par ces labellisations notamment la Maison Leclerc Briant renommée pour son fût en or et ses nombreuses expérimentations, ou encore les domaines Champagne Marc Augustin et Champagne De Sousa. 

Il nous paraissait important de mentionner l’arrivée de la biodynamie en Champagne grâce à Jean-Pierre Fleury en 1989. 

Famille Fleury

Produire un vin biodynamique : 

Afin de produire un vin biodynamique, il faudra une grande ouverture d’esprit aux vignerons. La vigne ne devra recevoir qu’en dernier recours des traitements curatif tels que le cuivre et le souffre pour le mildiou et l’oïdium. Il est toutefois possible de lui fournir des préparations biodynamiques telles que la 500 ou la 501, ces préparations ont pour but de nourrir votre terre et la renforcer afin qu’elle n’ait plus besoin d’être soignée. Les vignerons peuvent également utiliser du compost afin d’apporter des nutriments à votre sol. Il sera important pour eux de se fier au calendrier planétaire ainsi que lunaire dans le but de comprendre quels sont les jours adaptés aux différents travaux de la vigne. La lune montante est idéale pour tailler la vigne, car elle permet à la plante de mieux se développer. Les vignerons ont aussi besoin d’utiliser des procédés techniques tels que la pulvérisation afin de protéger la plante du gel. 

Les différents cahiers des charges permettant de produire des vins biodynamiques reprennent les principes de l’agriculture biologique en allant encore plus loin. Ils réduisent encore plus drastiquement le taux de soufre et de cuivre dans les vignes, mais aussi dans la cave et dans le vin. La biodynamie ne se limite pas seulement à la culture de la vigne, elle va jusqu’à la cave en passant par les levures ainsi que la réduction voir l’interdiction des intrants dans le vin. 

Bouse de corne – DEMETER

Les préparations : 

La 500 dite « La bouse de corne » est préparé à l’aide d’une corne de vache dans laquelle on insère de la bouse de vache. Cette corne sera enfouie sous terre pendant 6 mois. 

La 501 dite « La silice de corne » est composée de quartz pilé très riche en silice. 

La 502 dite « la camomille matricaire » composée de camomille, elle permet de réguler le calcium. 

La 503, 504, 505, 506, 507 chacune composée de fleurs et de plantes ayant un impact sur le sol ou sur la plante. Elles représentent un concentré de différents végétaux tels que la camomille ou la valériane, chaque préparation peut être élaborée par un spécialiste ou par le vigneron lui-même. 

Le compost, aussi appelé « andains » est formé par la décomposition de déchets naturels tels que le fumier, les plantes etc… Il est souvent enrichi par des préparations de valériane, de camomille, d’ortie, de chêne, etc.. Une fois ce « mélange » prêt, il sera recouvert de paille afin de fermenter. Il sera « frais » 6 à 12 mois après sa préparation. 

Législation et certification : 

Tout comme pour les certifications biologiques, il faut un minimum de 3 ans (5 ans total pour la certification, 3 ans de bio + 2 ans de spécialisation ) d’application du cahier des charges afin de recevoir un label. Il en existe plusieurs à travers le monde, mais deux se démarquent par leur notoriété : Demeter et Biodyvin. Leurs cahiers des charges impliquent l’utilisation de produits naturels uniquement dans leurs vignes ainsi que dans le chai ! Le soufre est limité pour les vins pétillants (champagne et crémants, il n’y a pas de distinction d’appellation) à 60mg/l pour le label Demeter et 96mg/l pour le label biodyvin. La différence est ici minimale en rapport avec les certifications biologiques. Ces certifications ayant un coût élevé, certains vignerons font le choix de suivre les cahiers des charges sans prétendre à une certification. 

En résumé, la différence entre les vins biologiques et biodynamiques réside en majorité dans les convictions des vignerons. En termes de viticulture, la biodynamie va plus loin que la culture biologique en utilisant le souffre et le cuivre en soin curatif que lorsqu’il est nécessaire. L’élaboration du vin dans le chai est également plus encadrée pour les vins biodynamiques. Le but de la biodynamie est de nourrir le sol pour que celui-ci nourrisse la plante. Il y a une considération de la plante dans et avec son environnement pour au final la rendre indépendante. 

Le bio quant-à lui , reprend les codes du conventionnel mais en blanchissant son impact environnemental. 

Certains vignerons choisissent également d’aller encore plus loin dans cette démarche vers le naturel en créant des vins « natures », ces vins ne reçoivent que des traitements naturels et très peu d’intervention au sein de la cave. Les vins natures ne possèdent pas encore de label et de certifications. Ils sont très peu présents en France et en Champagne. 

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Crédit photo : Lebonheurdesgens

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